L’histoire de la Birmanie a toujours été marquée par l’influence culturelle et religieuse de l’Inde mais aussi par les guerres et les répressions sanglantes.
Selon le recensement religieux de 2014, le bouddhisme est omniprésent dans la vie quotidienne des Birmans, environ 88 % de la population étant bouddhiste, ce qui ne les empêche pas de croire aux nats (les esprits).
Les autres habitants se partagent entre chrétiens, souvent protestants (environ 6 %), musulmans (environ 4 %), hindous, animistes.
Le premier empire birman unifié fut fondé vers l'an mille par les Môns. Puis, vers 1250, le royaume môn tomba aux mains des armées mongoles. Une partie de la Birmanie subit ensuite la domination des Shans, puis de nouveau celle des Môns.
Mentionné sous le nom de Myanmar (le pays merveilleux) dans les récits de Marco Polo (vers 1270), le pays s’appela ensuite Bamar du nom du peuple bamar (en birman, le [r] ne se prononce pas).
La colonisation britannique
En 1805, les Britanniques déclenchèrent la première guerre anglo-birmane (1824-1826) qui leur laissa le contrôle d’une partie de la Birmanie. Ils changèrent le nom de Bamar en Burma, que les Français traduiront plus tard par Birmanie. Après une seconde guerre anglo-birmane (1852-1855), toute la Birmanie fut annexée et proclamée en 1886 comme province de l'Empire des Indes, après des massacres de populations entières.
Les Britanniques colonisèrent donc le pays en imposant militairement la loi et l’ordre, en administrant la justice d’une manière expéditive, et en supprimant la religion et la langue des populations autochtones, pour favoriser exclusivement la langue anglaise. Les habitants du pays réagirent très mal à cette colonisation maladroite des Britanniques. La résistance s’organisa et, après un demi-siècle de colonisation, des mouvements nationalistes surgirent partout dans le pays à un point tel que, lors de la Deuxième Guerre mondiale, les Britanniques perdirent rapidement le contrôle de la Birmanie au profit des Japonais.
L'indépendance
En août 1946 commencèrent à Londres les négociations entre Attlee, Premier ministre britannique et le général Aung San (père d’Aung San Suu Kyi). Elles aboutirent à un accord prévoyant l’indépendance et des élections générales en avril 1947 afin de former une assemblée. Malheureusement, Aung San fut assassiné le 19 juillet 1947. Finalement, la Birmanie proclama son indépendance le 4 janvier 1948 et refusa de faire partie du Commonwealth. U Nu en fut le premier dirigeant.
Après l’indépendance, l’Union birmane connut une relative prospérité, troublée seulement par les incessantes exigences des Karens et des Shans.
Du pouvoir militaire de 1962 aux élections de 2011
En 1962, le général Ne Win s'empara du pouvoir à la suite d’un coup d’État et instaura un régime centralisateur fort ; il refusa aux minorités le droit à la sécession. En 1964, le parti dirigé par Ne Win devint le seul parti autorisé dans le pays. La politique du parti au pouvoir, qui s’était engagé dans « la voie birmane du socialisme », entraîna une catastrophe économique sans précédent et fut accompagnée d'une diminution draconienne des libertés personnelles. Les principaux secteurs de l'économie furent étatisés. La nouvelle Constitution socialisante de 1974 transféra le pouvoir du parti unique du Conseil révolutionnaire militaire à une Assemblée du peuple dirigée par le général Ne Win et d'autres anciens dirigeants militaires.
En 1988, un nouveau coup d'État militaire se produisit et la loi martiale fut instaurée à la suite de répressions sanglantes (plusieurs milliers de morts). Dès ce moment, le conseil d'État pour le rétablissement de la loi et l'ordre (le SLORC) se mit en place et rebaptisa le pays sous le nom de Myanmar (le "pays merveilleux"). En 1989, le pays prit le nom d'Union de Myanmar. Les élections législatives de mai 1990 virent la victoire écrasante du parti d'opposition, la Ligue Nationale pour la Démocratie, dirigé par Mme Aung San Suu Kyi (fille de Aung San, l’un des héros de l’Indépendance), mais le SLORC refusa la tenue de la convention de l'Assemblée du peuple et poursuivit sa politique de répression et de nettoyage ethnique.
Élections de 2011/2012 ; Aung San Suu Kyi élue députée
En 2011, suite à des élections, la junte a officiellement cédé la place à un pouvoir civil dirigé par l'un de ses anciens membres (Thein Sein), ce qui fait que le poids de la hiérarchie militaire demeure encore prépondérant.
Le 1er avril 2012, au terme d’une campagne et d’un scrutin globalement satisfaisants bien que plusieurs irrégularités aient été relevées, notamment par la LND, le parti d’Aung San Suu Kyi a remporté la victoire dans 43 des 45 circonscriptions concernées par des élections partielles, les premières du mandat d’U Thein Sein. Élue députée, Daw Aung San Suu Kyi a fait son entrée au Parlement.
L'activité politique de la députée Aung San Suu Kyi
Depuis son élection au parlement, Aung San Suu Kyi a pris la présidence d’une Commission parlementaire pour l’État de droit, la paix et la tranquillité.
En juin 2013, elle s’est déclarée candidate aux élections générales de novembre 2015 qui désigneront le nouveau Président de la République de l’Union de Birmanie (la Constitution la rend toutefois inéligible aux postes de président ou de vice-président).
Les années 2013 et 2014 ont été dominées par deux sujets aussi sensibles que centraux pour l’avenir du pays : le processus de paix et la réforme de la Constitution de 2008. Le processus de paix avance lentement. Dans la continuité des signatures bilatérales successives, il est rythmé par les négociations entre le gouvernement (représenté par l’Union Peacemaking Work Committee – UPWC) et les groupes ethniques armés (représentés depuis novembre 2013 par la Nationwide Ceasefire Coordination Team – NCCT). 104 points devaient être débattus. À la date du mois d’octobre 2014, cinq restent à être résolus : la détermination des groupes ethniques habilités à signer l’accord ; le redéploiement des troupes gouvernementales ; la fin du recrutement par les groupes ethniques ; l’établissement d’un cadre au dialogue politique post-cessez-le-feu ; la mise en place d’un code de conduite. Cependant, pendant le processus de paix, des accrochages intermittents subsistent entre troupes gouvernementales et rebelles, notamment dans les États Kachin, Karen et Shan.
La réforme de la Constitution de 2008 est une revendication majeure de l’opposition birmane.
Du 27 mai au 19 juillet 2014, la LND, soutenue par plusieurs groupes civiques et partis ethniques, a lancé une campagne nationale de signatures en faveur d’une révision constitutionnelle. Elle visait l’article 436, qui garantit 25 % des sièges du Parlement aux militaires tout en requérant l’aval d’au moins 75 % des parlementaires pour valider un amendement constitutionnel. La révision de cet article est en l’état la condition indispensable à la révision d’une grand part d’autres articles de la Constitution, notamment de l’article 59 (F) : cet article controversé pose comme inéligible aux élections présidentielles toute personne qui a des liens familiaux avec des étrangers, ce qui ne permet pas à ce stade à la Dame (dont les deux fils ont la nationalité britannique), de concourir aux élections générales.
La pétition a recueilli près de 5 millions de signatures, contre les 16 espérées par le parti, qui a appelé le Parlement à prendre le résultat en considération (sources diverses).
Élections de 2015 ; victoire écrasante de la
LND
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